dimanche 12 avril 2009
Avoir des ambitions à la hauteur de ses possibilités. Cesser d'aspirer à l'impossible.
Mes résultats me sont tombés sur le coin de la gueule. J'ai gardé la trace brûlante de cet échec sur ma joue toute la journée. Cette terrifiante envie de pleurer ; SURDOUEE MON CUL, merde.
10,9.
Quelle putain de blague. Mais quelle PUTAIN de blague.
Où sont les 3,1 points qui me manquent pour atteindre la mention minimum qui me contenterait ?
Sans doute se sont-ils enfuis avec ma motivation. Sans doute.
En attendant, je n'ai plus envie de rien.
Le lycée m'ennuie. Je n'ai plus envie de m'intéresser à rien.
La lecture, le dessin, l'écriture, mes plaisirs simples de la vie ne m'attirent plus. J'en perds le goût de tout. Moi qui m'étais toujours réfugiée dans la lecture, les romans, ma vie par procuration ; où je puisais une force inconnue et sans cesse grandissante pour me pousser toujours plus loin ? Chaque page tournée, chaque ligne lue, faisaient pousser ces ailes qui n'aspiraient qu'à battre pour m'emmener là où les rêves se font caresser par l'espoir. Moi qui aimais tant créer, voir surgir de la pointe de mon crayon les choses fabuleuses qui peuplaient mon esprit, moi qui avais toujours cette sortie de secours, pourquoi est-elle désormais fermée à double-tour ? Et où se trouve la clé ?
Le soir, allongée dans mon lit, la musique emplit mes oreilles, s'insinue en moi. Il me reste au moins cela.
Et je rêve, je rêve, je rêve encore. Malgré le fait que je marche de désillusion en désillusion, et de tristesse en désespoir, je rêve. Je trouve encore la force d'avancer sur le chemin semé d'embûches de mes rêves.
Où est la réalité ? Où se trouve le sol qui se dérobe sous mes pas, sur quelle ligne invisible marché-je ?
10,9.
10,9 et une grande claque dans la gueule plus tard, je devrais me réveiller. 10,9, qui veulent me tirer vers la terre ferme ; 10,9 qui me chuchotent de faire attention à moi. 10,9, qui me conseillent de retrouver dans mes ambitions la motivation perdue.
10,9, qui n'ont pas l'effet escompté. Au contraire.
Je n'en peux plus. Je veux changer d'air ; tout m'étouffe.
Je me sens détachée d'eux, et plus je m'éloigne, plus certains travers me sautent aux yeux. Cercle vicieux qui m'entraîne toujours plus loin. Et l'envie de partir, l'envie de fuir, l'envie de laisser toute cette MERDE derrière moi se fait plus pressante chaque jour qui passe.
Plus que quelques semaines, et tout sera terminé. Fini le lycée qui me débecte chaque jour davantage. Fini le bac qui me donne de telles angoisses que mon corps las me lâche. Mes mains qui tremblent, ces maux de ventre, ces migraines, ces crampes, ces insomnies, ces faiblesses le matin. Mon corps réagit à ce que hurle mon coeur : SUFFIT.
10,9.
Une prise de conscience qui, loin de me donner un coup de fouet, m'envoie au tapis. Comme si j'avais besoin de ça.
Où sont mes espoirs, seigneur, quand ai-je perdu l'envie de me battre ?
Pourquoi aujourd'hui, je me rends compte que tout ce à quoi j'aspirais a disparu ? Où est le grand fracas que j'attendais, lorsque tout s'écroulerait ?
Et soudain, quel silence.
Ne restent que mes espoirs fanés, et mes sourires de façade. Quelle ironie.
10,9. Et une déprime.