dimanche 5 avril 2009
J'ai toujours été davantage à l'aise à l'écrit qu'à l'oral, il suffit de voir les pages que je noircis, et le nombre de minutes dans la partie "numéros composés" de mon téléphone portable. La taille de mes historiques de conversations msn, et le nombre d'appels reçus. Voilà aussi sans doute pourquoi chaque mois, je dépense 98% de mon crédit en sms.
Chaque fois que je me suis confiée entièrement à quelqu'un, toutes les choses les plus importantes que j'ai dites à quelqu'un, c'était soit par mail, par msn, ou par sms.
Au bout du compte, je me dis que peut-être je devrais un peu vivre dans la réalité ; la première fois que j'ai dit "je t'aime" à un garçon, j'avais 13 ans, c'était la veille de mon anniversaire, et ça se passait sur msn. D'ailleurs, j'y ai repensé jeudi matin, dans les 45 minutes de trajet en bus, et c'était un souvenir doux, de ce week-end où lui et moi on s'est envoyé des mails pour nous raconter nos vies, et nous dire à quel point chacun pensait à l'autre. Et le lundi, tout était fini, parce que je suis incapable de vivre de belles choses dans la réalité tangible, celle où l'on peut toucher les arbres du bout du doigt, et pas seulement se les imaginer. Le lundi matin, en arrivant au collège, je lui ai dit bonjour en lui faisant trois bises, et le soir d'un commun accord on s'est dit que ça n'irait jamais plus loin (et puis j'étais trop mal à l'aise). Pendant des semaines je me suis demandée s'il était sérieux quand il m'avait dit qu'il m'aimait, pendant des mois je me suis demandée s'il pensait à ce week-end comme j'y pensais, et puis les années sont passées, et j'ai oublié. Et il y a quelques jours, je me suis souvenue, d'un samedi et d'un dimanche qui m'avaient laissé un goût doux-amer dans la bouche et dans le coeur, d'un simple week-end que j'avais vécu comme dans un rêve. Je n'ai parlé de ceci qu'à une seule personne, plus d'un après, ce que j'en ai dit tenait en 4 phrases, et le reste n'appartenait qu'à moi. On peut dire qu'il ne s'est rien passé, et en effet c'est le cas - s'il s'en souvient encore c'est ce qu'il doit en penser-, mais malgré tout moi j'y ai repensé, je me suis souvenue, j'ai eu envie d'aller sur cette ancienne adresse sur laquelle doivent se trouver, noyés sous une masse de spams et de chaînes qui m'ont sans doute maudite pour l'éternité, les quelques mails qu'on s'est envoyés. Malheureusement, depuis tout ce temps, mon compte a sans doute été supprimé, et j'ai perdu les jolies traces d'un amour atrophié avant même d'avoir pu éclore. Un jour, j'aurai tant à me souvenir que j'oublierai cet incident, ces deux jours autour de mon anniversaire, comme si la vie avait décidé de me faire une fleur, puis de la fâner.
Il y a eu lui, et puis un autre, où j'ai tout vécu par internet. Et de celui-ci, personne ne sait rien, cette histoire a duré quelques temps, et puis tout naturellement, parce que j'étais trop jeune, plus jeune que lui, trop loin, elle s'est terminée, aussi doucement qu'elle avait commencé. Je m'en rappelle de temps en temps, mais ces mois ont un contour flou, trop flou, et parfois je me demande s'il pense à moi ; ce qui me tue c'est de ne même pas me souvenir de son prénom, alors je n'ai rien plus de lui, sinon des bribes de souvenirs. J'ai changé de portable et d'adresse mail, je sais juste qu'il me disait "te quiero", et de jolies choses en espagnol, il me disait "tu me manques, ma chérie", dont je serais bien incapable de me souvenir de la traduction... mais il n'était pas espagnol. Il habitait à Nancy, et me disait qu'il avait envie de me voir, je me souviens que je recevais des messages où il n'y avait qu'un coeur, "(L)" parce que le "<3" n'existait pas encore. Je me souviens que parfois il m'appellait, mais que fidèle à mon habitude de n'être pas à l'aise à l'oral, j'écourtais ces conversations. Et il m'envoyait un mail, pour me dire qu'il avait rêvé de ma voix. Et moi je fermais les yeux pour imprimer pour toujours les belles paroles dans mon esprit ; et aujourd'hui j'oublie tout. Je l'oublie, comme il doit sans doute m'oublier. Parce que c'est comme ça, le temps passe, "on dit que le destin se moque bien de nous, qu'il ne nous donne rien et qu'il nous reprend tout"...
Et puis il y en a eu un autre, dont je ne devrais pas parler au passé, qui me dit qu'il m'aime, et doit sans doute m'idéaliser parce qu'il ne m'a jamais vue, jamais entendue, qui s'accroche à cet amour pour moi comme un noyé à sa bouée. Je me repose trop sur lui ; lorsque je me sens perdue, seule, désespérée, c'est à lui que j'envoie un message, parce qu'il me soutient toujours, il m'envoie ses "je t'aime", ses "ma puce", ses "mon ange", et ses câlins, et ça me donne l'impression que le monde tourne autour de moi, et ma solitude n'est plus, pour un instant au moins. J'aimerais qu'il cesse de m'aimer sans retour, parce que je me sens coupable d'abuser ainsi de ce qu'il ressent pour moi, mais j'aimerais aussi qu'il m'aime pour toujours de cette façon inconditionnelle. Je suis d'un égoisme terrifiant.
Et c'est pour ça que des fois, je me dis que je devrais reprendre pied dans la réalité, parce que je sens que je me perds dans un monde qui me convient parce que je me le suis choisi, mais qui me fait m'envoler très haut... trop haut pour que ce soit réel.
La chute fera mal.
Soit dit en passant, je me demande pourquoi je déballe tout ça ici. Peut-être que j'avais envie de raconter ma vie.
PS : Joyeux Anniversaire Tib-Tib. <3